A partir de la mi-juillet, une petite population d’Orque (Orcinus orca) stationne à l’entrée du détroit de Gibraltar, dans la zone appelée par les pêcheurs la « Bajas » à 14 km des côtes espagnoles, au large du parc naturel de El Estrecho. Nous partons à la découverte de ces cétacés à bord d’un bateau de la structure Turmares.

Nageant autour des barques de pêcheurs, ils attendent patiemment qu’un thon soit pris pour donner un grand coup d’accélération, fondant sur leur proie déjà prisonnière, au grand désespoir des pêcheurs qui tentent en vain de remonter leur ligne avant de perdre leur prise. La majorité des pêcheurs marocains, dans leurs barques bleues, remontent leur fil à la main, tandis que quelques navires espagnols ont opté pour l’utilisation d’un treuil.

Dans tous les cas, l’approche d’un orque près de l’embarcation rime souvent avec perte du butin. Nous avons pu suivre un pêcheur tentant pendant près de 15 mn de remonter sa ligne alors que 4 orques tournaient autour … Au final il n’avait plus rien au bout du fil, et pris de dépit, il jeta son matériel dans la barque … D’autres parviennent à remonter leur prise, mais il en manque souvent un bout … il ne reste plus que des miettes de thon !

Mais les pêcheurs sont bien plus nombreux que les orques et ils n’en ressortent pas tous perdants ! Au cours d’une des sorties, j’interroge l’un des guides de Turmares sur les réactions des pêcheurs face aux pertes causées par les orques. Il semblerait qu’il n’y ait pas trop de problème dans la mesure où les orques sont une espèce protégée et que les pêcheurs ne possèdent aucun réel moyen d’action. Aucun cas d’accident ou de braconnage ne semble référencé.

Au milieu des barques et des orques, tentent également de naviguer les bateaux de whale watching. C’est à bord du « Dolphin Safari » de la compagnie Turmares au départ de Tarifa, que nous avons réalisé ces images. Mais d’autres organismes comme le firmm réalisent des sorties également au au départ de Tarifa. Ces agences travaillent en collaboration avec des groupes de recherche comme Circé, effectuant des suivis sur les cétacés du détroit. Autant dire qu’il règne parfois une certaine pagaille dans la Bajas ! Les bateaux de whale watching suivent les orques qui suivent les barques de pêcheurs, riant à la vue des touristes entassés, les prenant en photo avec leur téléphone portable et agitant des maillots de foot des équipes espagnoles !

 

 Nous tentons une première sortie le 11 juillet, mais les orques n’ont pas encore été observés par les agences de whale watching. Nous nous rabattons sur la sortie « classique » d’observation des dauphins et baleine qui permet d’aller à la rencontre des Globicéphales noirs (nous en parlerons dans un autre article). Mais le guide nous informe que les pêcheurs auraient signalé des orques le matin même. Deux jours plus tard la première sortie d’observation des orques est organisée par Turmares, avec succès, mais nous sommes à Donana à ce moment-là ! Il nous faut attendre le 14 juillet pour participer à la nouvelle sortie au départ de Tarifa à 13h30. Il faut environ 40 mn de navigation à bonne allure pour rejoindre la zone de pêche où ne tardons pas à apercevoir le premier aileron. La rencontre avec les orques est vraiment un moment magique qui restera longtemps gravé dans nos mémoires !
Un groupe de 5 orques tournent autour des barques, parmi eux, une femelle et son jeune. En pleine partie de chasse, ils ne sont pas d’humeur à jouer, n’effectuent pas de bonds et se contentent de donner de fortes impulsions de temps à autre pour atteindre les thons capturés. Parfois, ils sortent leur nageoire caudale au moment de sonder. Nous restons sur la zone près d’1h30, nous ne voyons pas le temps passer ! Un 14 juillet mémorable !

On ne pouvait pas quitter l’Andalousie sans observer cette espèce mythique une seconde fois !
Le 15 juillet, nous embarquons à nouveau sur une mer calme et sous un soleil de plomb ! Cette fois-ci ce sont au total 7 orques différents que nous contacterons durant la sortie. Les individus se distinguent par la marque blanche à l’arrière de la dorsale et sont répertoriés par photo-identification.

Les orques restent dans le détroit jusqu’à la fin du mois d’août, avant de repartir dans l’Atlantique. C’est la fin de la saison de pêche et le calme reprend son droit sur la Bajas.

Orques à Gibraltar – Juillet 2013
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