Vendredi 24 janvier

Direction l’aéroport Haneda pour un vol intérieur pour Kushiro, sur la côte Est d’Hokkaido. Il fait grand soleil quand nous atterrissons en milieu d’après-midi. Nous avions loué une voiture à l’aéroport, une citadine mais avec 4 roues motrices et des pneus neige, indispensable pour se déplacer dans ces contrées nordiques où vous devrez oublier les transports en communs. Dans cette région isolée du Japon, les effets du changement climatique se font sentir et les locaux avouent ne pas avoir beaucoup de neige. Plus pratique pour nous mais nous ne nous réjouissons pas ce cette nouvelle, témoignant d’un dérèglement profond que nous pourrons constater tout au long de notre séjour sur les comportements et les effectifs des oiseaux hivernants.

Une fois les démarches administratives réglées et la voiture prise en main nous quittons l’aéroport pour nous rendre aux observatoires pour les grues du Japon. Nous commençons par le Kushiro City Red-crowned Crane à seulement quelques minutes de l’aéroport. Petite déception, il s’agit en fait d’un centre de soins. Quelques grues sont présentes dans de grands enclos où elles sont nourries et soignées. Une belle initiative mais ça ne comptera pas pour la coche ! En revanche, quelques rapaces survolent le site : des milans noirs et mon premier pygargue à queue blanche du séjour.


Kushiro City Red-crowned
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Pygargue à queue blanche, Kushiro
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Grue du Japon, Kushiro

Nous ne nous attardons pas et gagnons le deuxième observatoire situé un peu plus loin sur la route en direction du nord : Akan International Crane Centre. Ici les grues sont en liberté mais attirées par de la nourriture. Tous les centres d’observation sont en même temps des points de nourrissage qui permettent aux grues de survivre pendant la période hivernale. Je profite des douces lumières du soir pour faire mes premières images de cette espèce mythique.

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Observatoire des grues du Japon
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Grue du Japon, jeune et adulte, Kushiro

Nous rentrons à l’hôtel à Kushiro avant la nuit. Un groupe de cerf sika détale au bord de la route tandis que le soleil décline. Nous profitons du onsen au dernier étage de l’hôtel avant d’aller déguster un shabushabu en ville.

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Groupe de cerf sika près de Kushiro
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Kushiro

Samedi 25 janvier

Avant de quitter Kushiro, nous prenons le temps de faire un tour sur les quais sous un beau soleil. Paradoxalement, on a l’impression d’être loin du Japon ici avec une petite touche sibérienne tant pour le froid que pour l’architecture.

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Port de Kushiro

Nous gagnons un troisième centre dédié aux grues : Tsurui Ito Tancho Crane Sanctuary géré par une association. Le site est gratuit et très agréable comme l’accueil par les bénévoles qui comptent chaque jour le nombre de grues présentes sur le site. Nous passons un long moment à les observer et nous avons même droit à des « danses ». Le froid nous pousse à nous réfugier dans le centre aux grandes baies vitrées. Des longues-vues sont à la disposition du public et il est possible de déguster un chocolat chaud ou un café en consultant de la documentation. Des trois sites que j’aurais testés, celui-ci est mon préféré. Mais ce n’est que le début de notre voyage à Hokkaido, et nous reprenons la route.

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Observatoire des grues du Japon
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Grues du Japon, Kushiro
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Grues du Japon, Kushiro

La grue du japon

Grus Japonensis

La grue du Japon est une espèce de légende, et pas seulement pour les ornithos. Dans la culture japonaise, elle est le symbole de longévité. Quiconque plie 1000 grues en papier verra son voeu exaucé. Pour les naturalistes aussi, la grue du Japon fait partie des espèces qui font rêver pour la grâce qu’elle dégage. Elle est l’un des plus grands oiseaux au monde et peut mesurer plus de deux mètres. Elle niche et s’alimente dans des marais pourvus en eau profonde. Sa parade nuptiale a largement contribué à la réputation de cet oiseau. Avec des sauts et de larges mouvements d’ailes, on peut parler d’une véritable danse. La grue du Japon est sédentaire dans cette partie Est d’Hokkaido, en partie grâce aux points de nourrissage qui permettent de fixer les populations hivernantes. Elle niche également en Chine et en Russie en particulier dans les plaines bordant Lac Khanka situé à la frontière.

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Grues du Japon, Kushiro

Suite à une chasse aveugle des grues à la fin des années 1880, on pensait que l’espèce avait disparu du Japon à la fin du 19ème siècle. Lorsqu’on découvrit une dizaine d’individus dans les zones humides autour de Kushiro dans les années 1920, l’espèce fut classée comme protégée. D’importants efforts de conservation furent mis en place pour permettre à la population de grue sur Hokkaido d’atteindre près d’un millier d’oiseaux en 2008.

Quelques mesures de protection mises en place :

  • Préservation des habitats : Protection des sites de repos d’hivernage, des sites d’alimentation et des zones humides où l’espèce niche.
  • Nourrissage : des espaces de nourrissage sont mis en place l’hiver en raison de la pénurie allimentaire. Bien que cette pratique ait permis à la grue d’atteindre ses effectifs actuels, il existe maintenant le risque que des maladies contagieuses éclatent sur les sites de repos et d’alimentation en hiver. Certaines grues sont tellement habituées à être nourries qu’elles restent également sur les terres agricoles en dehors de l’hiver et peuvent endommager les cultures.
  • Prévention des accidents : Plusieurs cas de collision avec des lignes électriques mais également avec des voitures ont été répertoriés sur Hokkaido. En vue de réduire le risque, des dispositifs de prévention sont installés sur les lignes et des panneaux de signalisation posés le long de la route pour avertir les automobilistes sur les zones à risque.

1 Commentaire

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    Phil
    Posted 04 avril 2020

    Cela semble tellement beau et paisible .. mais froid 🙂
    On a envie d y être pour y voir les mêmes animaux bien emmitouflé dans une grosse doudoune !!!
    Toujours aussi plaisant a lire et les superbes photos rendent bien compte de la température qu’il devait y faire !!
    Merci pour le partage 🙂

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